Guide des clans de mages
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 8
L'attente du repas fut longue et mortelle. Léoni était avachi sur son lit et se lamentait. Son ventre émettait de drôle de bruits, laissant penser qu'il avait extrêmement faim. Thalion se tenait à côté de lui et pouffait en silence.

_ Je vais mourir, gémissait sans arrêt le chevalier. Aidez-moi! S'il vous plaît.

Il était à présent accroché à l'épaule de mon frère et continuait son cinéma. Quant à ce dernier il était toujours en train de rire mais n'arrivait plus à se retenir et tenait à peine debout. Ses genoux fléchir d'un coup, le faisant tomber à terre. Léoni émit un petit gémissement au choc soudain de ses rotules sur le sol. Ce qui fit encore plus rire l'autre garçon. Assise sur mon lit, en face des deux garçons, je pouffais légèrement de temps à autre, ne pouvant pas me retenir. Je trouvais le Saint-Chevalier vraiment drôle, surtout dans ses actes. Il jouait vraiment son rôle à fond.

Au bout d'un moment une sonnette retentit. Léoni se releva en vitesse et courut aussi vite que possible au bar-restaurant de l'auberge pour manger. Il détala si vite qu'il en oublia de mettre un haut. Il descendit donc au rez-de-chaussée à moitié à poil. Le fou rire de Thalion redoubla d'intensité à la fuite de son ami. Je me levai et aidais mon frère à se remettre. Une fois debout il essuya les quelques larmes de rire qui perlaient aux coins de ses yeux puis enfila un tee-shirt.

Pourquoi s'étaient-ils déshabillés de la sorte? Me suis-je demandée, mi-amusée mi-agacée.

Il prit un autre tee-shirt pour Léoni afin que ce dernier soit un minimum présentable pour manger. Nous sortions ensuite de la chambre pour aller rejoindre notre glouton d'ami.

_ Ah! Vous voilà enfin! Ce monsieur ne veut pas me laisser entrer! Il dit qu'il ne peut pas laisser passer des mendiants et des truands, ronchonna le chevalier à notre arrivée.

Nous avions a peine posé un pied en bas de l'escalier que Léoni s'était déjà pointé devant nous en grognant. Son torse toujours nu, ses cheveux en batailles et sa dégaine peu orthodoxe du fait de sa faim incommensurable, laissaient en effet penser à un sans-abri. Ce pendant son humour dit une fois de plus rire mon frère qui le cacha d'une main devant sa bouche. Je lui pris gentiment le tee-shirt des mains et le tendis au formidable petit humoriste qui se tenait à un mètre de nous. Il l'accepta sans broncher et l'enfila.

_ Bien. On peut aller manger maintenant, dis-je avec un sourire moqueur.

Il se mit tout de suite en route, nous conduisant tous dans ce lieu indispensable. Léoni s'arrêta devant l'homme qui était posté devant une petite porte d'où venait une douce musique.

La porte contrastait avec le reste de l'auberge. Elle n'était ni moderne ni ancienne, ni de bois ni de métal, ni de papier ni de cuir ou de tissu. C'était un porte de magie. Un rideau raide de magie fermait l'espace opposé afin de ne laisser aucune personne non-autorisée entrer. Elle était quasiment invisible à l'œil humain.

A la vue du jeune chevalier qui revenait vers lui, le gardien de l'entrée roula des yeux. Il s'adressa à mon frère et moi et ignora notre ami.

_ Bonjour chers clients, que puis-je pour vous? Dit-il d'une voix plutôt aigu pour un homme.

Il était vêtu d'un simple vêtement brun et blanc. Sa chemise, sa ceinture et son nœud papillon de fortune étaient blancs. Quant à ses chaussures, son gilet, son pantalon, ses manchettes et ses chaussettes montantes, ils étaient bruns ou oranges, peut-être. La lumière n'était pas très forte et j'arrivais à peine à distinguer le bleu du vert.

_ Nous aimerions simplement manger, répondit mon frère avec une pointe de nervosité.

Quand il avait très faim, il donnait toujours l'impression d'être en train de mourir, alors qu'en réalité, il était simplement impatient. Cet état me faisait rire mais j'essayais tant bien que mal de le cacher.

_ Oui bien sûr. Je vous laisse entrer, dit-il en nous faisant signe de passer la porte.

Thalion passa suivit de près par Léoni qui semblait à bout. Le premier passa sans difficulté tandis que le deuxième se heurta à la porte invisible en un bruit à réveiller tout le quartier. Joyeux il y a à peine un seconde, il était maintenant entrain de se mâsser le nez, la mine renfrognée.

_ Je vous ai déjà dit que je ne pouvais vous laisser passer. Mais où avez-vous trouvé ce haut? L'avez-vous volé? Demanda le protecteur de la porte magique.
_ Oh! Excusez-nous, nous avons omis de le mentionner parmi nous. Ce garçon est un ami, intervins-je juste à temps avant que le portier ne mette Léoni dehors une bonne fois pour toutes.
_ Dans ce cas je vous pris de m'excuser, s'inclina-t-il devant moi.
_ Ce n'est rien.

Il adressa un regard méprisant au jeune homme avant de m'en lancer un autre exprimant son incompréhension. Il n'avait pas besoin de savoir, alors je l'ignorais et, accompagnée de Léoni, je franchis la fameuse porte. Dans les couleurs blanche et or se tenait un véritable buffet. Celui-ci était exposé aux yeux de tous, laissant l'odeur appétissante régner sur les lieux, c'était incroyable. Nos yeux se posaient ici et là, allant de filet de borgogne à petits calsaqués, du chaud au froid. Tout donnait envie. J'en salivais déjà. On avançait, passant entre tous ses mets plus attirants les uns que les autres, jusqu'à une table où nous nous assîmes sans plus attendre. Un serveur arriva aussitôt avec le plat du jour. Un délicieux foie de balfosa accompagné d'une huile de salandre. Une simple mise en bouche pourtant si consistante. Une fois servis, le jeune qui était venu nous apporter notre repas, repartit.

Léoni s'empressa de tout enfourner dans sa bouche et ne laissa aucune miette dans son assiette. Il avait même englouti toute son huile. Thalion posa sa serviette sur ses genoux et dévora tout à son tour. Il ne n'ajouta pas l'huile au foie de balfosa et se contenta de la donner à son ami. Quelques minutes seulement après avoir été servis, les deux garçons avaient déjà tout avalé. Tandis qu'ils avaient fini, je venais à peine de verser mon huile sur l'entrée. Ils me regardèrent donc finir mon plat en salivant, faces à moi.

La suite du repas se passa entre plats plus gouteux les uns que les autres et discussions agréables et amicales. Je me sentais de plus en plus à l'aise en présence du Saint-Chevalier. Je comprenais désormais que les Saint-Chevaliers, aussi puissants soient-ils, étaient, avant tout, des humains...

_ Alors Anthéa? Tu sais faire de la magie? Demanda Léoni, la bouche pleine.
_ Non je n'ai pas encore appris. Nos parents n'étaient pas mages et Thalion n'était pas très doué, d'après ce qu'il en disait.

Léoni s'étrangla avec l'eau qu'il avait dans la bouche. Il toussa longuement avant de se reprendre. Il me regarda, les yeux grands ouverts, puis lança un regard interrogateur à mon frère. Ce dernier approuva d'un signe de tête, puis un Léoni plus que surpris tourna la tête vers moi.

_ D'accord mais tu n'y connais rien du tout? Tu ne sais pas comment ça marche ou au moins les origines de la magie? Dit le chevalier.
_ Je sais juste que ça remonte à l'époque de l'avant-guerre.
_ C'est exact. Mais sais-tu qui et pourquoi nous l'a-t-on donné?
_ Non je n'en sais rien.

Il vissa son regard bleu azur dans le mien puis détourna le regard pour se poser dans son assiette vide.

_ Il y a des milliers d'années de cela, les démons, les anges, les humains et les dieux vivaient ensemble sur Terre, commença le Saint-Chevalier.

« Un jour, les dieux ont reçu une prophétie et ils décidèrent d'en faire part aux autres races. Personne ne l'a connaît exactement mais certains savent de quoi il en retourne. Les démons ont alors donné la Magie aux humains afin que la prophétie se réalise. Les dieux ont alors séparé les différentes races dans des lieux différents pour qu'aucune guerre n'éclate. Les anges furent envoyés dans le ciel, dans un endroit nommé l'Eden, le paradis des morts. Les démons furent envoyés sous Terre, dans un lieu appelé l'Abysse, l'enfer des morts. Les dieux habitèrent dans les cieux, si haut que personne autre qu'eux ne pourrait y accéder. Cet endroit se nommait le Nirvana. Et enfin les humains restèrent sur Terre, au niveau Zéro. »

« Cependant cela ne se passa pas comme prévu. Les anges et les démons qui étaient autrefois considérés comme supérieurs aux Hommes, se retrouvaient égaux à eux, voire même inférieurs. Les anges plus qu'énervés de la situation s'en allèrent voir les dieux. Ces derniers ne connaissant rien aux intentions des démons, s'empressèrent de les accuser. Depuis toujours les dieux et les démons se détestaient, pour une raison inconnu de tous. Alors pourquoi les auraient-ils défendus? Peu de temps après une guerre éclata, opposant les anges et les dieux, les fervents défenseurs de la lumière, aux démons, impitoyables et cruels. Ce furent seulement lorsque les humains rejoignirent le camp des dieux que la guerre prit fin. »

« Les démons furent tous tués. Exécutés, exterminés. Tous jusqu'au dernier. Malheureusement il y eu un impact. Les anges ne purent survivre plus de deux ans sans leurs opposés, les démons. Les deux espèces s'éteignirent à tout jamais. Les dieux conscients des pouvoirs des Hommes scellèrent cette Magie. Les humains durent donc incanter pour utiliser la Magie. »

_ Voilà. Ce sont les origines, termina Léoni d'un ton dramatique.

Je restais bouche bée face à ce cours d'histoire très intéressant. Cela était vrai après tout. J'avais toujours voulu apprendre la Magie mais je ne m'était jamais demandé d'où est-ce qu'elle nous venait. Une question me vint à l'esprit, si c'étaient les démons qui nous avaient offert la Magie, alors notre Magie était-elle mauvaise comme l'était la magie démoniaque? Ou était-ce une magie totalement différente?

Léoni était déjà passé à autre chose, il dévorait le nouveau plat qui venait tout juste de nous être apporter par un serveur. Je regardais mon assiette avec attention sans vraiment la regarder. Mes pensées étaient tournées vers autre chose, vers l'origine de la Magie "humaine".

Un groupe de personne passa à côté de notre table. Un frisson me parcourut et je tournai mon regard vers ce groupe. L'un d'entre eux s'était lui aussi arrêté, il me jeta un rapide coup d'œil avant de continuer son chemin. Ses yeux bleus étaient d'un pâle époustouflant. J'aurais presque pu croire qu'il était aveugle s'il n'avait pas posé son regard sur moi pendant quelques instants.

Apres être repartit, sa démarche changea, elle était quelque peu incertaine et tremblotante pour une raison qui m'étais inconnue. Ses cheveux blonds aussi pâle que ses yeux et sa peau blanche le faisaient ressembler à un fantôme. Mais heureusement, il n'en était pas un et discuta avec ses compagnons.

Une main passa de haut en bas devant mon visage et me fit détourner le regard vers mon frère et mon ami.

_ Tu regardais quoi? Demanda curieusement Léoni, avec un sourire malicieux sur le visage.

Je baissais lentement mes yeux vers mon assiette et vis que je n'avais plus rien. Je compris ce qu'ils avaient fait mais ça ne m'embêtais pas le moins du monde.

_ Je n'en avais pas envie de toute façon, lui dis-je alors qu'un immense sourire de réussite étirait les traits du chevalier.
_ Qu'y a-t-il? Me questionna mon ami en perdant son sourire pour laisser place à de l'inquiétude.
_ Je... Rien, laisse tomber, dis-je en balayant l'air d'un revers de main pour reposer mon regard sur la table où s'était installer le fameux groupe.

Les deux garçons en face de moi reprirent leur conversation pendant que j'épiais cette personne qui m'intriguait tant.

Le groupe était installé quelques tables plus loin. Ils discutaient entre eux dans un brouhaha épouvantable. Le blond me fixait d'un œil attentif. Il me scrutait de toute part en ignorant, tout comme moi, la présence de ses amis. Un serveur passa devant moi et je le perdis de vue un instant. L'instant d'après le garçon intéressant avait tourné la tête et discutait avec sa tablée.

Léoni, Thalion et moi venions de finir de manger, je n'avais pris aucun désert contrairement aux deux autres qui ne s'étaient pas gênés. Le prix devait être exubérant mais le chevalier n'en toucha mot à personne. Je me demandais bien comment il comptait payer tout cela. Je me doutais tout de même un peu que la personne qui l'avait envoyé, avec la calèche, devait être assez riche en plus d'influente.

Nous montions dans nos chambres et les deux garçons, le ventre bien rempli, s'endormirent aussitôt. Je m'endormis peu de temps après avec une très forte envie de découvrir la mystérieuse personne qui tenait à les voir arriver en vie à la capitale. Et qui avait aussi une très forte autorité pour pouvoir envoyer un Saint-Chevalier pour nous protéger. Mais mes pensées terminèrent sur ce jeune homme blond qui devait avoir l'âge de mon frère et qui m'avait fortement intriguée.
© Fioufiou Lys,
книга «Gardiens des Magies».
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