P R O L O G U E
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∆! CHAPITRE NON CORRIGÉ !∆

Jules doit passer me prendre d'une minute à l'autre et je ne me sens pas très bien. En partie à cause des tas de bombecs que j'ai ingurgité ce matin, mais surtout parce que je suis sur le point de sortir avec mon meilleur ami devenu aussi, mon petit ami. Et qu'il va peut-être m'embrasser encore, ce soir. Moi, embrasser Jules, il faut que je m'assoie ou ma tête va exploser.

Non pas que ce soit la première fois, mais ça me fait toujours aussi bizarre.

Lya est là, allongée sur mon lit en train de regarder la photo de classe de l'année dernière. C'est une sorte de rituel. Chaque année, en général juste avant le jour de la rentrée, on étudie de près la photo pour établir nos pronostics : qui se sera arrangé ou enlaidi, qui reviendra plus intelligent, plus sexy ou le plus transformé.

- Je trouve que Noah est encore plus beau qu'avant, cancane t-elle.

Reversée sur le dos, elle tient la photo à bout de bras et devant son visage, les pieds en l'air. On dirait un de ces scarabées morts qu'on retrouve à la fin de l'été derrière la maison.

- Il est plutôt bien fichu, apprécié-je.

- Ça, c'est le surf, affirme mon amie.

Elle se tourne sur le ventre et me regarde, sourcils dressés. Je sais très bien ce qu'elle pense : que les abdos de Jules ne doivent pas être mal non plus. Je vire à l'écarlate et disparais dans ma penderie, à la recherche de ma tenue.

- Qu'est-ce que tu as fait de ma robe jaune ? Réclamé-je à Lya.

- Sur le lit, répond elle, relax.

- hé ! Tu parles comme Noah là !

Je flanque à Lya une tape sur la tête, tout en imitant la voix de Noah.

- Relax, Max.

Lya lève les yeux au ciel.

- N'importe quoi !

Elle me jette la robe et je l'enfile. C'est une petite robe d'été qu'elle m'a offert à mon dernier anniversaire parce que je me plaignais de ne pas avoir de robe d'été.

- Qu'est-ce que tu en penses ? Demandé-je.

Je fais virevolter la robe autour de moi.

- Sexy ! Commente t-elle.

- Je rêve où mon visage est tout bouffi ?? M'écrié-je en m'appercevant dans le miroir.

Je gonfle les joues pour mettre du bluff et j'applique du mascara à mes cils. J'étudie mon reflet dans la glace puis observe Lya. Même avachie sur mon lit elle reste sublime. Aussitôt je me raisonner : c'est moi qu'il trouve belle. Moi, personne d'autre.

- Prends deux aspirines avec du jus d'orange. C'est radical contre les coups de chaux.

Je la regarde avec répugnance, comme si elle venait de me conseiller de porter une chemise à carreaux pour aller avec ma robe.

- Bah quoi? Reprend mon amie, ça marche, figure toi.

Je déniche une boîte d'aspirine et avale un cachet avec de l'eau non gazeuse. C'est tout ce que j'ai.

- Tu es superbe, assure Lya, parole de scout !

Elle se met sur le flanc pour mieux me contempler.

- Je suis tellement fière...

Un coup de klaxon l'interrompt. J'ai à peine le temps d'échanger un regard avec Lya que nous nous précipitons toutes les deux à la fenêtre, d'où nous pouvons apercevoir la Porsche Panamera Turbo argentée de Jules garée dans l'allée. Lui même n'y est pas, il doit sûrement être rentré à l'intérieur.

Mes entrailles se sont converties en circuit automobile avec une myriade de petites voitures lancées à mille à l'heure autour de mon cœur et de mon estomac.

- Il est làààà ! Lance Lya d'une voix perçante.

Elle me prend par les épaules et me dit, avec l'expression sérieuse qu'elle adopte toujours en cours de maths :

- Je suis très heureuse pour toi. C'est un grand jour et Jules est ce qui pouvait t'arriver de mieux. J'espère que cette soirée sera inoubliable.

Je la serre dans mes bras, un peu plus longtemps que je ne l'aurais voulu, comme pour me rassurer.

- Hé là, Miss Crampon ! Fait-elle tout en se dégageant et en me tenant à distance par les bras. Allez, tu lui en mets plein la vue hein? Tu vas être parfaite. Et comme d'habitude, ne fais rien que je ne ferais pas.

- Sauf ce soir ! Je lâche tout ! C'est tellement plus marrant !

Nous rigolons un bref instant.

- Adieu, petite vermine.

- Ciao !

De loin, je peux l'entendre geindre.

Descendant les marches quatre à quatre, je m'arrête net en le voyant franchir la porte d'entrée. Mon souffle se coupe direct. Reprends toi Shaynah, ce n'est que Jules. JUste une sortie, avec Jules.

J'arrive enfin devant lui, sans avoir réussi à réfréner les battements désordonnés de mon cœur. Quand il me voit, il marque une pose. Un sourire illumine son visage tandis que moi je reste clouée sur place à le fixer, l'air idiot.

- Chérie ?

Mon cœur rate un battement. Chérie ? Je lève la tête vers lui.

- Tu comptes te rendre ou pas là ?

- Comment ça ?

- T'as pas vu ça grouille de flics devant la maison !

- T'es sérieux là ? Angoissé-je, pourquoi ??

- Écoute, apparemment c'est une affaire très très grave. T'es suspectée par la police de l'amour pour avoir volé mon cœur. Faudrait peut-être que tu me le rendes si tu veux pas finir derrière les barreaux.

Un immense sourire vient aussitôt apparaître sur mon visage. À dire que j'ai vraiment cru qu'il y avait la police.

- Tu es belle.

Mon cœur fait un bon vertigineux. Je plonge mon regard dans le sien et aussitôt cela fait, mes lèvres se voient capturées par les siennes, chaudes et délicates. Puis il se redresse, et je comprends alors combien j'attendais ce moment. Combien j'attendais qu'il m'embrasse.

Il éclate de rire quand je vire soudainement au cramoisie. J'ai tellement envie de rentrer sous terre.

- Tiens, c'est pour toi. Poursuit t-il en faisant apparaître un bouquet de fleurs de derrière son dos.

Je prends une grande inspiration et tente de convaincre mes pieds de faire un pas vers lui. Il me confie les fleurs puis me fait la bise. Un parfum familier me submerge : l'alliance parfaite du savon et de la menthe.

- Désolé pour le retard, s'excuse t-il.

- On n'avait pas fixé d'heures.

- Oui, mais j'ai trouvé le temps trop long sans te voir...

S'il n'est pas mignon...

Je dépose les fleurs dans l'entrée, ferme la porte et le suis vers sa voiture. Il s'apprête à m'ouvrir la portière quand :

- Tu n'as pas besoin de faire ça tu sais.

- Ce soir, je suis un gentleman, et aussi toutes les autres fois que je serais avec toi.

Nous nous regardons fixement pendant un moment puis il m'ouvre enfin la portière.

À l'intérieur, je respire enfin. C'est fou l'effet qu'il me fait.

Nous démarrons environ 6 minutes plus tard. Je calerais bien mes pieds sur la boîte à gants, comme je le fais à chaque fois, mais non. Ce soir, j'ai envie que ça soit différent. Unique.

- Ça te dit d'aller chez Hassan ? Me demande Jules , rompant le silence.

C'est un restaurant libanais sur la plage que l'on fréquente régulièrement. Je suis étonnée par ce choix. Je me souviens très bien qu'un jour Jules m'a affirmé qu'on mangeait bien mieux chez Anthony Pizza. Mais je me garde de le lui rappeler, fidèle à mon nouveau précepte de voir les choses différemment ce soir, et surtout que Hassan me va parfaitement.

- Très bien.

Il ne répond rien. Soudain, la conscience aiguë de notre situation me foudroie. Nous sommes seuls, riens que tous les deux. Ça nous ai déjà arrivé des centaines, voire milliers de fois, mais je n'y avais jamais prêté attention. Déboussolée, je finis par prendre son iPad pour nous mettre la musique. J'appuie au hasard. Peu importe ce qu'on écoute, mes oreilles continuent à bourdonner toutes seules au rythme frénétique des battements de mon cœur.

J'aimerais trouver quelque chose à dire mais je ne sais pas quoi. Je suis incapable de penser à un quelconque sujet de conversation. Depuis qu'il m'a dit qu'il m'aimait, peut-être même depuis ce fameux soir, c'est comme si tout était devenu beaucoup plus sérieux entre nous.

Ce silence mortel nous accapare jusqu'à notre arrivée devant le restaurant. Au moment où nous entrons dans la salle, j'ai l'impression que le malaise se dissipe peu à peu entre nous. Excepté le regard embarrassé que nous avons échangé dans le parking.

- Tu te souviens quand on passait nos soirées ici ? Me questionne t-il tout en désignant l'endroit d'un mouvement de tête.

- Oui, c'était notre QG, à l'époque. Me rappelé-je.

- Et pourtant, je n'aime pas les olives. Je devais juste faire ça pour tes beaux yeux, en fait, poursuit t-il avec un petit rictus.

On s'assoit à une table au fond de la pièce. Je ne m'en étais pas rendue compte avant ce soir, mais l'ambiance est assez romantique ici. La lumière est tamisée et il y a plusieurs chandelles.

Ok, vous voulez que je vous dise ? Il a pu m'arriver de m'imaginer à quoi ressemblerait un dîner avec Jules. Si vous voulez savoir toute la vérité, je me suis même souvent représenté des sorties avec lui depuis le début du lycée. Je n'ai jamais trouvé ces fantasmes répréhensibles, ne pensant pas une seule seconde qu'ils pourraient se réaliser.

Je vous livre donc, dans le désordre, trois de mes entrevues préférées avec dans le rôle du jeune homme, Jules, et dans celui de la jeune fille, moi même.

1) La promenade au bord du lac.
Moi: Robe rouge à fleurs blanches.
Jules : Culotte jean bleue et t-shirt blanc.

Jules : Je n'ai jamais aimé que toi.

Moi: Moi aussi, mais j'ai peur, Jules..

Il prend ma main dans la sienne.

Jules : On va s'en sortir, je t'aimerai aussi longtemps que je vivrai.

2) le rendez romantique au resto

Moi: Robe rouge étole noire. Jules : Pantalon blanc, chemise blanche.

Jules : Toi et moi, ici , ensemble, quel bonheur !

Moi: Je ne sais pas quoi penser, Jules. Nous sommes amis depuis toujours...

Jules : ne pense pas ! Ne pense à rien. Je suis sûr, moi, c'est tout ce qui compte. Je ferai tout ce que je peux pour te montrer que nous sommes faits l'un pour l'autre.

3) un slow pendant le bal de l'école.

Moi: robe grise pailletée, talons aiguilles noirs. Jules : Costume noir.

Jules : je suis fou de toi.

Moi: Comment te croire ?

Jules : parce que je suis là, en train de danser avec Shaynah Wilton et que ça fait de moi l'homme le plus heureux sur terre.

Moi: Tu es certain que nous ne faisons pas une bêtise ?

Jules : Tu es mon âme sœur, n'aie pas peur. Je t'aime.

Finalement, je crois bien que je suis devenue pire que Lya...

© Miroush07,
книга «Et Si On S'aimait ?».
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