P R O L O G U E
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!∆ Chapitre non corrigé ∆!

Son souffle chaud s'abat sur mes lèvres qui elles, sont closes depuis un petit moment.
Je n'arrive plus à bouger. C'est fou l'effet qu'il me fait. En plus, ces milliers de papillons qui prennent leurs envols dans mon bas ventre ne m'aident pas à apaiser la situation. Je vais devenir dingue. Faut que je fasses quelque chose.

- Jules je...

- Je t'aime.

Ma respiration se coupe ; je lève systématiquement mon regard vers son visage.
Il est devenu cinglé ? Me balancer ça comme ça à la figure ? C'est de la folie pure et simple.

- Je...

- Et je sais que c'est réciproque ! M'interromp t-il.

Il lâche mes poignets puis se recule, mettant ainsi une distance raisonnable entre nous.

- Je sais ce que tu penses, Shaynah. Du fait de ta récente rupture avec Lyron, tu crois que je serais aussi capable de te faire la même chose. Mais non! Je ne suis pas comme ça, moi. Je suis amoureux de toi depuis presque 10 ans, depuis qu'on a neuf ans, et crois moi, jamais je ne serais capable de te faire du mal. Qui conque osera te faire pleurer, je le défonce. T'as qu'à demander à Lyron si tu penses que je mens.

Euh...what? Il lui a fait quoi au juste ? Me dites quand même pas qu'il est allé le frapper !! Olala...

- Écoute, moi je t'aime. Je veux faire ma vie avec toi. On a 19 ans, on peut très bien se marier dans un ou deux ans.

J'avais pensé à la même chose avec Lyron alors que lui il était là à espérer. Je m'en veux...

- Je t'aime, Shaynah. Donne nous une chance, promis tu ne le regretteras pas. Je te le jure.

Devrais-je accepter ? Je sais pas trop... D'autant plus que je viens à peine de sortir d'une relation..

Et puis merde !

Je réfléchis trop ! Faut que je laisse faire les choses.
Il m'aime et je l'aime, alors pourquoi attendre ?

Je cours dans ses bras puis l'embrasse. Je pense bien qu'il l'a eu, sa réponse.

***

J'ai entendu dire que lorsqu'on subit un choc émotionnel, il arrive à certaines personnes d'avoir l'impression de se trouver figées dans le temps, comme si le monde s'arrêtait tout autour. Pas pour moi.

Au contraire, je me retrouve propulsée en arrière, aspirée par une force dans mes pensées, loin, loin, loin dans mes souvenirs, avant que tout ça ne commence. Je ne pense qu'à une chose, cette soirée que nous avons passé ensemble sur la falaise, Jules et moi.

Je nous revois, nous embrassant, le soleil au dessus de nos têtes, la promesse d'une bouche rosée, sa voix dans mon cou : «je t'aime, Shaynah».

Je sais déjà. Avant même que mes parents ne me l'annoncent. Je sais à la seconde où ils entrent dans ma chambre pour me le dire. Peut-être l'ai-je vu en rêve ? Peut être est-ce arrivé parce que je ne l'ai pas retenu, ce soir là ?Quoi qu'il en soit, je ne suis pas surprise.
Mes parents s'attendaient à ce que je me revolte, que je refuse d'admettre. Mais je ne dis rien, je ne crie même pas «non!», ou «pourquoi?!» comme les personnages dans les films. Je reste simplement allongée, silencieuse. Je suis ramenée à ces quelques instants sur la falaise, si loin que les mots de mes parents me parviennent assourdis et que leurs visages se déforment sous les yeux. Comme si je les regardais depuis le fond de l'eau.

« Jules nous a quitté », me disent t-ils. Mais il n'est pas parti comme hier, en embarquant dans l'aéroport. Non. Il est parti. Parti pour de bon.

Avion. Jules. Crash. Les mots m'atteignent comme de petits éclairs transpercent les ténèbres, aveuglants, foudroyants. Je ne regarde ni le visage de ma mère barré par les larmes, ni l'expression sombre de mon père. Mes yeux se fixent au plafond.
Des souvenirs de Jules me reviennent en pagaille, aussi précis que dans un film. Ma mémoire est limpide, aucun doute là dessus. C'est le présent que j'ai du mal à digérer.

Je le revois dans mon allée, vêtu d'une veste et un bouquet de fleurs en mains pour notre premier dîner en tant que couple. Ou encore à l'arrière de la maison, occupés à s'embrasser dans les herbes.

Sans que je n'explique pourquoi, la force de la nouvelle me fait m'asseoir droite dans mon lit. Ma mère est à côté de moi, mon père nous surplombe.

Jules ne reviendra plus jamais dans ce monde. Il ne sonnera plus jamais à ma porte, il ne regardera plus jamais de film avec moi, ne me serrera plus jamais dans ses bras. Je ne l'embrasserai plus jamais, ne lui dirais plus jamais " je t'aime "...

***

L'enterrement a lieu trois jours plus tard.

Quand nous arrivons devant l'église, tout le monde est déjà assis. Mes parents se dirigent vers les parents de Jules et prennent place à leurs côtés.

Toute l'assistance est habillée en noir, si bien qu'il m'est presqu'impossible de distinguer les uns des autres. Je sais juste que Luke et Noür doivent se trouver quelque part. Noah aussi, avec Lya.

Je serais incapable de les reconnaître. Ça me rappelle le premier jour de classe, quand j'étais assise au dernier rang du coin des terminale avec Jules et que je nous voyait tous reliés les uns aux autres, formant un grand tout. Sauf qu'aujourd'hui, le lien s'est dissous.

Nous ne formons plus cette toile, cette trame que j'imaginais. Nous ne sommes rien d'autre que d'infimes particules de poussière anonymes qui dérivent loin les Unes des autres dans le noir.

La messe est plutôt belle. Luke se lève pour dire quelques mots.

Son éloquence me choque. Comme si, devant cette assemblée, il devenait une autre personne. Je me demande pourquoi il ne se comporte pas comme ça tout le reste du temps, plutôt que de ponctuer sans arrêt ses phrases de mots qui ne veulent rien dire. Peut-être lui fallait t-il perdre son meilleur ami pour finir par se secouer un peu ?

Je sens Lya esquisser un mouvement pour prendre ma main, mais je ne lui en laisse pas le temps en la coinçant fermement sous ma cuisse. L'idée de tout contact m'est insupportable. Que Lya puisse m'administrer son soutien habituel me mets dans une colère inexplicable. Passe encore quand il s'agit de se consoler d'un chagrin d'amour, mais dans une situation aussi désespérée, ça paraît impensable.

- C'était bien, commence cette dernière une fois dehors.

Il y a du soleil, même beaucoup trop pour des funérailles.

- Bien ? Répliqué-je, froidement.

Je ne voulais pas que ça sonne aussi méchamment, mais aussitôt le mot sorti de ma bouche, je ne peux pas retourner en arrière.
Depuis le début, on rabâche combien c'est triste, tragique. Mais il n'y en a pas un pour dire que c'est injuste. Que ça n'aurait jamais dû arriver.

- Je dis juste que ça aurait plu à Jules, précise Lya.

- C'était son enterrement. Je ne suis pas sûre qu'il aurait été aussi enthousiaste.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, souffle t-elle. J'essaie juste...

- Laisse tomber. La coupé-je.

Nous sommes au bout du cimetière.

Toutes ces tombes me font penser que nous nous premunissons en permanence contre la mort tout en sachant que nous ne pourrons pas y couper court.

Cela dit, aujourd'hui, elle a frappé trop tôt. J'aurais pu sauver Jules, il ne suffisait d'un seul geste, et pourtant...

- Ce n'est pas de ta faute. Dit Lya derrière moi. Peu importe ce qui s'est passé ce soir là, tout ce dont je suis persuadée, c'est que ce n'était pas de ta faute.

- On peut savoir ce qui te permet de dire ça ? La sommé-je, brutalement.

Lya a un mouvement de recul, comme si je venais de lui asséner un coup. Elle ne dit rien d'abord, puis secoue la tête.

- Tu penses vraiment que tu aurais pu changé le cours des choses ? Tu te crois toute puissante ?

Elle plonge son regard dans le mien tandis que moi je baisse les yeux.

- Il y a certaines choses sur lesquelles on a aucune prise, Shaynah. Des choses qui fatalement, doivent arriver. On ne peut rien y faire, c'est comme ça.

- On a toujours le choix.

- Ça ne s'applique pas à toutes les situations.

- À quoi alors ? Dis moi!

Elle soupire.

- Tu peux choisir de ne pas te sentir coupable.

À cet instant, je ne peux m'empêcher de me demander :

Comment choisir de ne pas se sentir coupable lorsque notre cerveau ne cesse de nous répéter que nous le sommes ?...

© Miroush07,
книга «Et Si On S'aimait ?».
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