Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapite 6
Prologue
C’était un soir de pleine lune comme les autres. Un des soirs clairs que tout le monde ne peut qu’aimer - moi la première. Le nez en l’air, j’étais pour une fois contente d’être de sortie aussi tard. Je marchais dans la rue d’un pas dynamique. Je sortais de mon cours de danse. Le studio étant relativement proche de chez moi - à peine un quart d’heure - ma mère m’avait rapidement autorisé à m’y rendre et à revenir seule. Cela faisait dix ans que je pratiquais trois fois par semaine. La professeur nous avait inscrites à un concours, ce qui me réjouissait - on ne sortait pas souvent dans ce genre d’occasion. C’était la preuve qu’elle nous faisait confiance.
Boostée par la séance et tout à mes pensées, je n’entendis pas immédiatement les voix qui venaient d’une ruelle adjacente. Elles se disputaient. Je me stoppais net, un pied en l’air que je reposai lentement au sol. Je me rapprochais pour me coller contre le mur, ne me faisant pas remarquer.
- Je te dis qu’on devrait le tuer, Lou. Il est trop faible et pas assez docile pour être d’une quelconque utilité. Il ne sera qu’un boulet dans les prisons, s’il survit. Regarde ce qu'il a fait.
Un moment de silence suivit sa déclaration comme s’ils se regardaient dans les yeux. La voix reprit en soupirant :
- D’accord. On va le rapporter à Mila, elle sera heureuse.
 Instinctivement, même si je n’étais pas froussarde, je tremblais de peur. Ces hommes - non, ces adolescents à leurs voix - voulaient tuer quelqu’un. Je tendis la main vers mon sac, cherchant mon téléphone. Une autre l’interrompit en saisissant mon poignet, aussitôt suivie par une deuxième qui se plaqua contre ma bouche pour retenir le cri qui en sortait.
- Tu vas crier si je retire ma main ?
Je relevai les yeux et un regard bleu polaire, hypnotisant, plongea dans le mien. Je détaillai son propriétaire. Blond et musclé, il sortait tout droit des clichés de mon imagination. Il enleva lentement sa main.
- Qu’est-ce que tu fais là ? On ne t’a jamais appris à te mêler de tes affaires ?
- Je vous ai entendu.
À son tour, il sembla me scruter. Sa main serra un peu plus mon poignet pour s’assurer de mon attention.
- Rentre chez toi et oublie ça. C’est mieux pour toi.
On chuchotait tous les deux, sans que je sache pourquoi. Il recula sans me quitter des yeux, essayant de juger de ma réaction. Même si je lui offrais un visage impassible, mes yeux devaient crier mon incompréhension. Mais il semblait ne pas vouloir répondre.
- THOMAS. Qu’est-ce que tu fiches ?
- J’arrive.
Il mit un doigt devant sa bouche avant de retourner dans la ruelle. Mes jambes se dérobèrent. Sa présence évanouie, mon cerveau revenait à la conscience. Il voulait tuer une personne, mais la fille - Lou - l'en avait empêché. " Trop faible et pas assez docile " Ces mots me donnaient la nausée. Je frissonnai. Cette Mila, qui était-elle ? Qu'allait-il faire ?
Une vibration de mon téléphone coupa court un instant à mes réflexions. Je me relevai d'un bond. J'étais sûrement en retard. Je me mis à courir, tandis que mes pensées continuaient.
Il m'avait dit d'oublier comme s'il avait peur pour moi. Sa sœur, petite amie ou complice qui l'accompagnait l'avait fait sursauter. Il aurait dû en toute logique l'avertir, non ? Ou alors avait-il eu pitié ? Je ne pu m'empêcher de faire une moue dubitative à cette dernière pensée.
Comment avais-je pu me fourrer dans une situation pareille ? Est-ce que je devais prévenir quelqu'un ? On me croirait bonne pour l'asile. Je n'ai aucune preuve. Je ne sais même pas ce qui s'est passé et des prénoms assez communs. Même moi, je ne me croyais pas. À vrai dire, j'avais peur d'être devenue folle ou victime d'une hallucination.
Le reste de la soirée se déroula dans un brouillard. Je marmonnai une excuse à peine convaincante à ma mère. Je filai ensuite dans la chambre sous prétexte de devoirs en retard. J'avais besoin d'être seule. Je m'effondrai sur le lit et fermai les yeux pour tenter d'oublier ce qui venait de se passer. Pourtant, je ne dormis presque pas, tournant et retournant dans les draps.
© Solene Quellaine,
книга «Samantha».
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