Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapite 6
Chapitre 1
C’est Alice qui me sortit de mon sommeil. Devant le lycée, elle fonça sur moi. Rousse, grande aux yeux verts, elle était mon exacte opposée. Elle semblait encore plus enjouée qu’à l’habitude.
- On a un nouveau dans le lycée. Et devine quoi ?
Elle ne me laissa pas le temps de répondre et enchaîna :
- Il est avec nous en littérature anglaise ! On le voit que ce soir ! Mon cœur va exploser avant.
Habituée à son ton dramatique, je souris.
- Tu ferais mieux de te bouger. On va être en retard.
- Rabat-joie, grogna Alice.
C’est à ce moment-là que je croisai son regard. Je reculai d’un pas. Je ne l'avais croisé qu’une fois, mais je le connaissais trop bien pour me tromper. Je pris un teint soudain pâle.
- Samantha, tu as vu un fantôme ?
Même s'il était trop loin pour nous entendre, un sourire en coin étira ses lèvres. Je fermai brièvement les yeux pour me ressaisir.
- Non, ça va. Tout va bien.
Je repris ma marche lentement.
- Le nouveau te fait de l'effet.
Au moins, si elle le voyait, c'est que je n'étais pas folle. Mais que venait-il faire ici ? Ma main se crispa sur mon sac en passant devant lui.
- Alors ? Reprit-elle une fois de nouveau hors de portée de ses oreilles.
- Je l'ai déjà croisé.
- Tu sais comment il s'appelle ?
- Non, mentis-je.
J'attendais soudain avec impatience le cours de littérature. J'avais beaucoup de questions pour lui. La scène n'arrêtait pas de se rejouer devant mes yeux. Elle avait quelque chose de fascinant. Fascinant et effrayant. Je ne vis encore une fois pas la journée passée.
Quand je me rendis en classe, il était déjà arrivé. Ses yeux étaient plus ombrageux que ce que j’avais croisé auparavant - ce matin même, ils étaient encore clairs. Une mince ligne remplaçait ses lèvres. Il se tenait plus raide, bien loin de la posture que je lui connaissais, féline. Son collier se devinait sous son tee-shirt seulement parce que j’en connaissais alors que je songeais tout juste à détourner les yeux.
En rentrant, ce fut cependant à mon tour d’aborder un sourire narquois. Sans le savoir, il l’existence. Il ne posa même pas son regard sur moi. Il fut le premier à entrer dans la salle, s’était installé à la seule place libre… qui se trouvait à côté de moi. Alice me fit un clin d’œil en allant s’asseoir.
- Bonjour, Thomas.
Je tentais de prendre une voix posée. Il tourna la tête vers moi en haussant un sourcil.
- Pardon ?
Le regard de la professeure le fusilla aussitôt. Levant les yeux au ciel, je tirai une feuille simple de ma pochette avant de me mettre à écrire :
“ Je t’ai dit bonjour.”
Je poussai la feuille vers lui. Il fronça les sourcils.
“Tu ne devrais pas.”
“ Pourquoi ? J’ai des questions…”
“ Je t’ai dit de m’oublier. Ne mets pas les pieds là où tu ne sais pas où tu atterriras.”
“ Qu’est-ce que vous avez fait l’autre soir avec Lou ?”
“ Notre travail. “
“ Votre boulot, c’est de tuer des gens ?”
“ On a tué personne. Surtout pas des gens.”
“ J’étais là. Je vous ai entendu. Je dois te croire sur parole ? “
“ On ne tue pas des gens. Tu ne raisonnes pas comme il faut. Tu ne poses pas les bonnes questions.”
“ Qui sont ? “
“ A toi de le découvrir. Mais je ne te le conseille pas. “
“ Pourquoi ça ? “
“ Fin de la discussion.”
Je grommelai un juron qui ne me ressemblait pas. Il soupira, mais ne répliqua pas. Visiblement, il en avait assez dit.

Quand la sonnerie retentit, je jetai mes affaires dans mon sac et sortis avant même que quiconque ait réagi. Avant de rentrer chez moi, je traversai la rue jusqu’au parc. D'habitude, je m’y rendais pour dessiner après une longue journée. Mais là, c’était pour autre chose. J’avais besoin de réfléchir posément et l’atmosphère s’y prêtait parfaitement. Je tournai la feuille - que j’avais gardé en main - et, après un instant à fixer le vide, me mit à écrire.

“ Thomas est peut-être le Gardien d’un secret. Son collier brille : c’est peut-être une protection. Il tue quelque chose dont la force varie. Il se relève s’il est docile et fort. Il est mystérieux, donc c’est peut-être dangereux. Ce mystère signifie peut-être que c’est difficile à croire. Irréel ? Illégal ?”
© Solene Quellaine,
книга «Samantha».
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