Prologue
Rєηcσηтяє
⚠ Sans cesse ⚠
Rєηcσηтяє

J’étais allongée dans une vaste prairie en fleurs, à l’ombre d’un grand arbre don’t les feuilles étaient d’un magnifique vert anglais. L’une d’elles se détacha de sa branche et vint délicatement se déposer sur ma main droite. Je l’attrapai de cette même main pour la contempler : ses nervures s’étiraient sur le beau vert telles les veines d’un corps humain, don’t le sang chaud se rue vers ses extrémités pour garder en vie le plus longtemps possible la moindre cellule. Je glissai ensuite sans raison particulière la feuille dans la poche arrière de mon jean.

Sur ma poitrine, je serrais de la main gauche un magnifique petit bouquet de fleurs multicolores. Une pétale, fine et délicate, s’en envola au passage d’une légère et agréable brise.

Je me levai et la suivis.

Je laissais ma main libre caresser la douce herbe verte qui m’arrivait juste un peu au-dessus des hanches.

Ce lieu était d’un calme et d’un reposant que jamais je n’avais ressenti auparavant. Je m’y sentais légère et libre. Mon ressenti en ce moment là en était presque indescriptible.

Un bel oiseau gris volait au dessus de moi, dans le ciel don’t le bleu éclatant se reflétait sur son plumage.

Dans cette immensité bleue, seuls quelques petits nuages blancs se baladaient par endroits, diffusant doucement la lumière du soleil. Juste assez pour offrir une grande luminosité et juste assez pour ne pas éblouir. Un paradis pour mes yeux si fragiles.

Je sentais les rayons de notre étoile solaire se poser sur ma peau et la réchauffer délicatement.

Au fur et à mesure que j’avançais, la sensation de tranquillité s’emparait un peu plus de moi.

J’en avais oublié la pétale qui à présent avait disparue au milieu de ce vaste espace. Cette espace à la fois rempli de végétation et à la fois si vide.

Je tenais toujours le bouquet multicolore don’t les fleurs portaient fièrement leurs couleurs et odeur.

La brise légère et agréable se remit à souffler, faisant danser mes cheveux dans cet air au doux parfum de fleurs.

Je fermai les yeux, laissant l’herbe chatouiller la paume de ma main, le soleil réchauffer ma peau, le vent se glisser doucement dans mes cheveux et la bonne odeur de fleurs emplir mes poumons tout en profitant de ce doux instant.

Quand je rouvris les yeux, mon attention fut attirée par une fleur, qui était différente des autres par un je-ne-sais-quoi qui la rendait encore plus belle.

Au bout de sa tige délicate, ses pétales violettes contrastaient harmonieusement avec le jaune du pollen en son centre. Je n’aurais su dire sa variété, mais je me plaisais de l’appeler « la magnifique ». Je la cueillis et l’ajoutai au bouquet, ajoutant ainsi encore un peu plus de couleur et de parfum.

Je me remis en chemin vers l’inconnu. Le paysage restait le même et la sensation n’était que plus agréable.

L’oiseau passa à nouveau au dessus de ma tête. Seulement là, il criait, un cri presque humain : il semblait fuir quelque chose. Je ne m’en préoccupai pas plus que ça et continuai à avancer dans l’herbe qui ne me semblait qu’un peu plus terne qu’au départ.

Je commençais à trouver cela plutôt étrange mais comme je n’avais pas grand chose d’autre chose à faire, je commençai à cueillir de nouvelles fleurs pour mon joli bouquet. Une rouge par-ci, une jaune par-là, puis une bleue suivie d’une blanche,... Il y en avait pour tous les goûts.

Au bout d’un petit moment, le bouquet fut bien garni et rajouter des fleurs n’en valait plus la peine. Je fourrai mon nez à l’intérieur et pris une grande inspiration. Les pétales au toucher doux et délicat chatouillaient mes narines. Je relevai mon nez du bouquet et regardai autour de moi. Devant moi, à quelques dizaines de mètres, j’aperçus une jolie petite cabane en pierre.

Comme le ciel commençait à se couvrir et que l’atmosphère s’alourdissait, je décidai d’aller y jeter un œil afin de profiter en même temps de l’abri qu’elle m’offrait.

Le ciel menaçait de plus en plus de laisser tomber la pluie et les nuages se grisaient au fur et à mesure qu’ils s’épaississaient.

J'arrivai devant la petite porte en bois et l'ouvris prudemment.

À l'intérieur, le peu de lumière qu'il y avait filtrait à travers les vieux carreaux des petites fenêtres. Tout était sombre.

Au centre, sur une grande table de bois sombre et dur, étaient proprement disposés des couverts poussiéreux, pouvant accueillir trois personnes. On aurait dit que les anciens propriétaires n'avaient pas eu le temps de commencer leur repas avant de partir, et cet instant s'était figé sans parvenir à figer le temps. Ceci me parut étrange, tout comme les cadres brisés qui étaient accrochés aux murs et dont les images étaient jaunies par le temps. De même, des affaires, des vêtements, quelques jouets et de la vaisselle étaient éparpillés un peu partout dans la pièce, contrastant avec cette table, certes poussiéreuse mais ordonnée.

Des toiles d'araignées poussiéreuses pendant du plafond, elles aussi, étaient également peu accueillantes.

La ténébreuse et inquiétante ambiance de cette cabane abandonnée fit se nouer mon estomac et se serrer ma gorge. Une curiosité que mon inquiétude me prohibait naissait malgré elle.

La sensation de légèreté et de liberté, que je ressentais jusqu'au moment où j'étais entrée, se limitait à présent à un sentiment de solitude et de peur.

L'oppression de ce lieu m'obligeait à sortir, dehors, malgré le temps pluvieux et déprimant.

Dehors, la prairie en fleur avait disparue et laissait place à présent à du simple gazon jauni.

Je commençai à m'affoler et tournoyai sur moi-même cherchant au moins un indice que c'était bien ici que j'étais, avant d'entrer dans la cabane en pierre. Mais rien, absolument rien ne pouvait me l'indiquer.

Un corbeau au plumage d'un noir intensément profond vola au dessus de ma tête malgré la pluie. Il se posa sur un arbre au milieu de ce champ, où plutôt... Sur ce qu'il restait d'un arbre. Ce n'était plus que du bois vide, dénué de vie, enraciné dans la terre. S'il était humain j'aurais simplement pu dire que c'était un cadavre.

Cet oiseau était étrange, il restait perché sur ce reste de branche, malgré la pluie qui tombait à torrents.

Je m'approchai.

Mes cheveux trempés étaient plaqués désagréablement sur mon crâne, tout comme mes vêtements sur mon corps. Mes pieds nus dans le sol boueux s'enfonçaient et les petits brins d'herbes picotaient sous la plante.

Je continuai d'avancer vers l'oiseau quand la pluie s'arrêta. D'une part je fus soulagée.

Me voyant arriver, le corbeau s'envola, laissant une plume sur la branche de l'arbre où il était au passage.

Étrangement, l'air devint sec et je sentis et j'entendis les fleurs durcir dans ma main gauche.

Sans bouger la tête, je baissai mes yeux sur elle et je vis alors qu'elles étaient en train de faner. Une à une, elles perdaient leurs couleurs, se ternissaient et finissaient par flétrir.

Je restai un moment bouche bée, les fixant dans ma main. J'avais peur, je voulais partir d'ici. Mon cœur battait la chamade, semblant vouloir sortir de ma poitrine afin de pouvoir fuir plus rapidement que moi. Mes jambes tremblaient, menaçant de s'écrouler face à tous ces évènements si étranges après un si grand moment de bonheur.

Des voix firent leur apparition, des cris... Ils m'appelaient à l'aide et criaient mon nom. J'étais tétanisée. Les cris venaient de l'arbre. Ils m'étaient familiers mais sous le coup de la terreur, je ne sus mettre ni nom, ni visage sur ceux-ci. Et cet arbre restait immobile. Je ne savais pas comment ce pouvait être possible, mais je sentais qu'il me regardait d'un air narquois.

Des frissons me parcoururent, des pieds à la racine des cheveux.

Je ne savais quoi faire. Je voulais venir en aide à ces voix si je ne pouvais pas fuir, mais ne sachant comment, je m'avançai vers l'arbre et commençai à essayer d'y arracher l'écorce.

Mes tentatives étant nulles, je flanquai un gros coup de pied sur le tronc. Sur ce, les voix redoublèrent et la pression tomba de plus belle sur mes épaules.

« Amy ! À l'aide ! Par pitié ! » S'égosillaient-elles.

Le mal-être que je ressentais sous cette pression était indescriptible. Une migraine si profonde s'empara de moi que j'eus l'impression d'en saigner du nez, peut être même des oreilles.

L'air à présent sec et chaud m'arrachait quelques goutes de sueur. La différence de température établie en cinq minutes environ était extrêmement perturbante et brouillait mes idées.

Je commençai à voir trouble, les voix se mélangeaient dans ma tête.

Tout à coup, encore plus de chaleur, suivie d'une étrange odeur de brûlé, se fit sentir dans ma main, celle qui tenait le bouquet.

Je tournai donc une fois de plus le regard sur ma main. Le bouquet noircissait aux extrémités, prenant des airs de braise. Je le fixai, emplie d'incompréhension.

Soudain, il pris feu, toujours dans ma main. Je le jetai et tapai du pied sur celui-ci pour l'éteindre.

Je fus légèrement soulagée quand il fut éteint, malgré les picotements liés à la brûlure apparue sous mon pied.

Je n'eu pas le temps de me questionner à nouveau, au sujet des voix et de l'origine de ce petit incendie, que l'arbre mort prit subitement feu.

La chaleur qui en émanait me fouetta le visage et la fumée rendit l'air irrespirable.

Les voix s'étaient encore amplifiées et tout à coup je réalisai que c'étaient celles de mes parents, de mon frère, peut-être même de toute ma famille. Mais elles se turent lorsqu'une grande silhouette toute vêtue de noir surgit de l'intérieur des flammes.

Le feu diminua et l'arbre avait disparu.

Le personnage dont le visage était dissimulé par sa longue capuche tenait, dans ce qu'il semblait être une main, la plume noire du corbeau. Dans l'autre : le long manche en bois noir d'une faux.

La grande silhouette noire laissa tomber la plume pour rapprocher sa main de l'autre, afin de lui permettre de tenir le manche de la faux à deux mains. Elle la leva, l'amenant au-dessus de sa tête.

Tétanisée, je ne pouvais pas m'enfuir et fixais cette chose, les yeux écarquillés et bouche bée. Mes mains étaient moites et ma bouche pâteuse. Tout mon corps entier tremblait et mon cœur menaçait de sortir de ma poitrine.

Quand l'effrayant personnage abattit sa faux, il me manqua de peu par je ne sais quel miracle.

Je compris alors que ce personnage... C'était la mort...

© Ombre Blanche,
книга «Rencontre avec La Mort».
Коментарі
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Perdix
Rєηcσηтяє
Très belle plume ^^, et tous ces détails...! On visualise parfaitement l'histoire !!
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2022-01-30 15:43:29
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