Avant Propos
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 1

Lukas:

Mes paupières s'ouvrent tout doucement, mon dos me fait atrocement mal... Mais où suis-je bon sang ? Mes yeux commencent à fixer un plafond grisâtre dont la peinture a l'air vieille et pelée... J'ai eu beau fouiller dans mon esprit je ne me souviens de rien...

J'essaye de bouger ma tête, ça m'arrache un cri de douleur. Qu'est ce que j'ai pu faire au ciel pour mériter tout ce qui m'arrive ?!

J'arrivais à apercevoir les barreaux d'une cellule... Mais oui ! Je m'en souviens maintenant !

Hier soir j'avais volé une bagnole avec un pote et comme la chance est toujours de mon côté, (notez l'ironie), on a eu un accident et c'est sûrement pour ça que j'ai mal partout ! Du coup on nous a sûrement emmenés au commissariat...

Je me relève non sans hurler de douleur pour m'asseoir sur le truc qui me sert de lit et remettre mes idées au clair. J'ai été arrêté dans une voiture volée que j'ai endommagée... Je risque vraiment gros ...

Les policiers vont et viennent devant ma cellule, ils n'ont pas l'air de me remarquer. Je décide d'en appeler un :

— Euh... Eh ! Vous là !

Le policier s'arrête :

— Ah ! le criminel miniature est réveillé on dirait !

Il prend alors son trousseau de clés pour ouvrir ma cellule, je me relève, fier de ne pas m'être cassé une jambe.

— Ne croyez pas qu'on a le temps de surveiller vos gamineries toute la journée ! On a autre chose à faire ! Tu es encore jeune, petit ! Pourquoi faire tout ça ?! Tes parents ne seraient pas fiers de toi...

— Mes parents, comme vous dites, s'en foutent complètement de moi.

Le commissaire n'en rajoute pas plus. Nous marchions vers la sortie, il allait me donner tout mes effets personnels je suppose...

Arrivés sur le comptoir, il s'y glissa pour sortir un sachet en carton, il commença à en sortir ce que j'avais sur moi :

— Un briquet, un paquet de cigarettes, un portable, une veste en cuir, votre carte d'identité et deux billets de cinq dollars.

Je hochai la tête à chaque fois qu'il sortait quelque chose de ce sachet. Je saisi ma veste pour la remettre, je relève à peine les yeux que je tombe sur lui...

Mon père se tient debout, devant moi, c'est comme si je me regardais dans une glace. Car je suis le sosie parfait de mon père... Jack Stallone... Nous ne partageons pas que le même nom de famille, nous partageons aussi les mêmes yeux gris, les mêmes cheveux noirs toujours en bataille, la même carrure, la même mâchoire, la même gueule quoi...

Il s'approche de moi tandis que je serre mes dents de colère :

— Lukas ! Tu n'en finiras donc jamais ?! Dit-il en me regardant dans les yeux, assez déçu de mon comportement.

— J'ai pas besoin d'une mère poule pour veiller sur moi ! Ce qui veut dire que t'es pas obligé de venir me chercher à chaque fois que je fais une gaffe !

— Lukas... Calme-toi... On y va je te ramène à la maison...

C'est à contre-cœur que je le suivis dans le corridor du commissariat, il s'est bien sûr posé une dizaine de minutes pour parler au commissaire qui s'était occupé de mon cas "désespéré" comme il aimait appeler mon état.

"Surveillez votre fils", lui avait-il sorti.

Mon téléphone et mes clopes en poche, je montai dans la Ford noire, il démarra. Le trajet se fit dans le silence. Mon front appuyé contre la vitre noircie de la voiture, je regardais le paysage défiler sous mes yeux, quel paysage... Des bâtisses grises à perte de vue, de la fumée, du gris, de la tristesse malgré qu'il y aie un beau soleil aujourd'hui.

Je m'appelle Lukas Stallone, j'ai dix-huit ans, et comme vous l'aurez sûrement deviné je ne suis pas l'intello du lycée ou le gentil petit garçon sage. On ne vit qu'une fois et j'aime vivre dangereusement.

Cette année, je pense que j'ai assisté à six cours maximum, les études et moi on fait douze...

Vous allez tous vous demander "Mais qu'est ce que ce pauvre garçon fera de sa vie ?" Eh bien rien, voilà, je ne ferai rien ! je compte me trouver un boulot qui me fera gagner de quoi vivre et c'est tout. De plus je n'ai que dix-huit ans.

Je descends de la voiture en claquant la porte, nous voici au rivertown warehouse district... Mon quartier... Nous habitons un immeuble paumé au milieu de nulle part, un petit trois-pièces, une cuisine, une salle de bain et un balcon de six mètres carré. Nous ne sommes pas riches, mon père n'est qu'un tocard alcoolique qui bosse parfois s'il se déniche un travail. Heureusement que la maison est à nous. Nous n'avons pas de loyer, ni de dettes envers personne.

Je pénétrai le petit appartement, décidément, c'est le bordel ici...

Je m'affale sur le canapé tandis que mon père entra en claquant la porte derrière lui :

— Lukas ! Il faut qu'on parle !

— Vas-y j't'écoute.

— C'en est trop Lukas ! Je n'en peux plus ! Tu sais combien j'ai payé pour que tu sortes de là ?!

— Combien ? Dis-je sur un ton moqueur.

— Tu rigolera moins quand tu entendras ce que j'ai à te dire !

— Ah ouais ?

— J'ai pris une décision Lukas...

Mon père venait de prendre un ton plus sérieux, j'ai un mauvais pressentiment ...

— Je t'envoie vivre chez ta mère à Los-Angeles.

Une main imaginaire vint me gifler en pleine face, douche froide, choc, l'intérieur de mon cerveau criait l'alerte rouge ! Je m'étais réveillé d'un rêve pour me plonger dans une réalité qui me paraissait comme un cauchemar... Je n'avais aucun autre argument, je dis alors la première chose qui m'étais venue à la bouche :

— Quoi ??! Tu plaisantes j'espère ?

— J'ai l'air de plaisanter ? j'ai appelé ta mère hier et elle est d'accord. Tu iras vivre chez elle le temps de terminer tes études et d'avoir ton diplôme !

— Est-ce que j'ai la gueule d'un mec avec une toque de diplômé papa ?! J'en ai rien à faire de ce foutu diplôme ! Et elle... Tu sais que je la hais ! Hurlai-je au bord de la crise de nerfs.

— Lukas c'est ta mère !

— Ce n'est pas MA MÈRE !

C'est trop... Vraiment trop. Je ne peux pas aller vivre chez elle, avec elle... Déjà que je me hais d'être une part d'elle... Je ne me supporte pas à cause d'elle, et vous voulez que je supporte d'être dans la même ville qu'elle, dans la même maison ?! Partager la même bouffe ?! Faire mon quotidien avec elle ?! C'est au-dessus de mes forces... Je ne PEUX pas ! Je ne VEUX pas revoir son visage qui m'a hanté chaque soir quand j'étais môme ! Parce qu'elle n'était pas là ! Parce que j'avais besoin d'elle mais qu'elle n'était pas là !

— Lukas... regarde moi !

J'ai levé les yeux sur mon sosie, il dit :

— Tu es fort fiston, tu vas le faire. En plus j'ai déjà payé ton billet. Tu pars demain matin. Va faire ta valise et emmène tout le nécessaire.

— Papa non s'il te plaît...

J'allais pleurer, j'allais sincèrement pleurer de rage, je veux taper dans le mur ! Hurler ma rage !!! Mais ce n'est pas possible... Je suis obligé d'aller vivre là-bas... Laisser Detroit, mes potes et mes habitudes... Et le pire.... Vivre avec ma génitrice sous le même toit...

Je me levai du canapé, et je pris une valise pour y mettre ce que je devais emmener... Je me sens mal...

J'ai la rage... 


© Lina Dreamer,
книга «5 minutes away...».
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