Le chant de la rivière impétueuse et les remous de l'eau, les gazouillis d'oiseaux bienheureux et bavards, le souffle du vent lointain dans les montagnes.

La caresse du doux soleil au-dessus de la vallée sur ma peau.

La fraîcheur de l'herbe verte sous mes pieds, je me délecte avec satisfaction de la tranquilité du moment tout en humant l'air au parfum de gazon récemment coupé.

J'habite dans un petit val, un havre de paix et de verdure, dont le calme, la sérénité et le merveilleux paysage sont les principaux atouts.

J'aime passer du temps simplement à ne rien faire, juste à contempler les rayons du soleil filtrer à travers les nuages. J'imagine des créatures fantastiques et des habitants d'un autre univers en regardant les formes cotonneuses là-haut dans le ciel.

Mais ce que j'aime par-dessus tout, c'est me prélasser à l'ombre d'un vieux chêne. Il s'agit de l'arbre le plus vieux de la forêt des alentours, d'après mon père.
Lorsque je suis allongée sous ses longues et noueuses branches, je me sens en sécurité, comme protégée par une force ancestrale.

Ce jour-là, j'ai justement décidé de m'y rendre. Je vais à mon endroit préféré presque tous les jours et cette sorte de rituel me rassure.

Il faut quinze bonnes minutes de marche à travers des prairies puis dans les bois pour atteindre le lieu en question.

Cependant, cette fois-ci, quelque chose est différent de d'habitude.
Je m'approche lentement de mon arbre et découvre un jeune homme endormi. Il est allongé sous le grand chêne dans l'étendue boisée.

Je l'examine et constate qu'il s'agit d'un soldat qui a l'air d'avoir une vingtaine d'années. Il a la bouche ouverte, dévoilant des dents blanches bien alignées malgré quelques irrégularités. Il a la tête nue et sa nuque couverte de fins cheveux bruns, baigne dans de belles fleurs bleues.

Le soldat dort d'un air paisible, malgré la pâleur visible sur son visage baigné de lumière.
Ses pieds, couverts par des hautes bottes noires, sont posés sur un amas de glaïeuls aux couleurs chatoyantes.

Je ne l'ai jamais vu et suis surprise de trouver un étranger ici. Que fait-il sous ce chêne ?
Je ne le sais pas et ne le saurai sans doute jamais. Pourtant, quelque chose m'intrigue chez ce jeune homme.

Je regarde le soldat plus longuement.
Dans son sommeil, il a un léger sourire collé sur le visage. Ce sourire me rappelle celui d'un jeune enfant malade. Un sourire presque attendrissant.
Puis, je me dis qu'il a sûrement froid, couché ainsi en pleine forêt depuis des heures probablement. Frénétiquement, je cherche un vêtement chaud, une couverture à lui mettre dessus mais je n'en ai pas.
Je prie la nature de le bercer doucement, lui, ce soldat endormi.

Le jeune homme semble insensible aux parfums de fleurs, de feuilles et d'arbres pourtant enivrants.
Il dort dans le soleil, sa main gauche posée sur sa poitrine.

Après lui avoir adressé un dernier regard, je me détourne à regret de cet étranger et reprends le chemin du village.
Je sais que je ne pourrai jamais oublier la vision de ce soldat au côté droit percé de deux trous rouges.


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J'espère que vous avez aimé !
Cette nouvelle est inspirée du poème de Rimbaud, Le dormeur du Val que j'ai écrite à l'occasion d'un concours Wattpad.